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Les titres par année de parution


Une pensée en mouvement
Format : 12,5 x 21,5 cm
Nombre de pages : 120
Prix : 21 €
Date de parution : 2008
ISBN : 9782718607603




Une pensée en mouvement
Trois essais sur Yves Bonnefoy


Frontispice de Raymond Mason

PRÉSENTATION

« Je rassemble ici trois essais consacrés à l’œuvre d’Yves Bonnefoy, et je me rends compte que ces trois textes ne manqueront pas de laisser transparaître une impression de fragmentation, peut-être même d’incohérence lorsqu’il s’agit pourtant de penser l’unité de cette œuvre. On ne trouvera rien de définitif dans ces pages, mais plutôt le désir de marquer les étapes d’un cheminement – celui du sens – lui-même bien éloigné de toute certitude. Trois dimensions au moins déterminent en effet à mes yeux l’avènement du sens dans l’écriture d’Yves Bonnefoy ; ou mieux vaudrait-il écrire trois mouvements, tant la pensée s’inscrit ici dans une dynamique.

En ce qui concerne l’œuvre elle-même, tout d’abord, ou le texte si l’on préfère, le sens naît de l’écart entre ce que disent les mots et ce qu’ils font. J’appellerai “le poétique” cet écart, cette tension au cœur même de l’écriture, dont j’ai voulu suivre la trace dans trois livres consacrés à la peinture de Zeuxis. L’analyse du poétique permettra entre autres de dépasser les catégories de la “poésie” et de la “poétique” où spéculation et spécularité se rejoignent.
Le poétique n’est toutefois qu’un premier moment du sens, certainement essentiel, mais qui demande néanmoins à être placé dans une perspective diachronique, comme le montrera de manière exemplaire un poème de la période surréaliste ; une nouvelle dimension du sens sera ainsi mise en relief, qui excède le cadre de telle ou telle œuvre. À nouveau, une tension, ou une faille, apparaît, mais cette fois dans l’épaisseur des années, car le sens de l’œuvre s’imprègne du temps qui la traverse ; un tel sens exige alors du critique une réflexion d’ordre herméneutique, qui interroge le principe même du sens afin de pouvoir répondre au mouvement de la pensée.

En multipliant les niveaux de lecture pour mettre en lumière toutes les dimensions de cette pensée, pour en souligner la mouvance, les deux premiers essais dessinent l’image d’une écriture qui finit par se replier sur elle-même, qui pense et qui se pense en même temps, mêlant spéculation et spécularité. L’œuvre d’Yves Bonnefoy est un dialogue de l’écriture avec elle-même, c’est certainement là l’un des grands principes que j’ai voulu mettre au jour – mais ce dialogue incessant nous est fondamentalement adressé, comme le rappelle la “leçon inaugurale” du Collège de France. Il n’y a pas d’écriture possible sans une altérité, et que celle-ci trouve à s’incarner dans la pensée de Jacques Derrida, à l’instant de cette «“leçon”, permet de mesurer combien la réflexion du poète est radicalement étrangère à toute forme d’enfermement. Un troisième mouvement se dessine, qui interroge le sens lui-même pour en faire un seuil, une ouverture pratiquée au cœur de ce que nous pourrions croire un absolu, alors qu’il nous faut maintenant comprendre que l’écriture ne se replie en fait sur elle-même que pour mieux se déprendre des mots.

Ces trois mouvements finissent donc par inscrire une altérité au plus profond de l’écriture ; quelque chose échappe toujours à la saisie linguistique, il demeure un impensé, que ce soit sous la forme d’une faille dans l’instant de l’écriture (c’est le poétique) ou dans la durée qui empêche l’œuvre de fermer elle-même le cercle herméneutique. Cet impensé est l’autre nom du sens. »
A. B.

© Éditions Galilée
Site édité avec le concours du Centre national du livre
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